Suttas

Sutta : "Nom donné à tous les textes réputés consigner les paroles même du Bouddha.", Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Philippe Cornu, Seuil. Voici un site qui présente des traductions de suttas de http://www.accesstoinsight.org. Pour comprendre les suttas je vous conseille L'ensignement du Bouddha de Walpola Rahula chez Points et Le Chemin de la pureté de Buddhaghosa chez Fayard pour approfondir.

20 juin 2006

11ème Journée Nationale du Don d’Organes

Bonjour. Le 22 juin sera la 11ème journée nationale du don d’organes, elle sera l'occasion pour les militants de l'Association pour le Don d'Organe et de Tissus humains (ADOT) d'informer et de dialoguer avec le public.
Mais elle peut être, aussi, l'occasion de prendre position sur la question. Aujourd'hui, trop de personnes meurent faute d'avoir pu profiter d'un don d'organe. J'invite les intéressés à visiter cette page de témoignages.

26 février 2006

Kamada Sutta (extrait)

Kamada Sutta (extrait)
Samyutta Nikaya II.6
La complainte de Kamada
Traduit du Pali par Andrew Olendzki.
Pour une distribution gratuite uniquement.

"C'est si dur à faire, Seigneur,
C'est si dur à faire.
- Mais ils font toujours ce qui est dur à faire,
Ceux qui s'affermissent avec la vertu.
Pour un sans-logis,
La satisfaction arrive, et avec elle la joie.
- Elle est si dure à obtenir, Seigneur,
Cette satisfaction dont vous parlez !
- Mais ils obtiennent toujours ce qui est dur à obtenir,
Ceux qu'enchantent leurs esprits tranquilles.
Leurs esprits, nuit et jour,
Sont ravis de leurs progrès.
- Il est si dur à dompter, Seigneur,
Cet esprit dont vous parlez !
- Mais ils domptent tout le temps ce qui est ce qui est dur à dompter,
Ceux que ravissent leurs sens appaisés.
Détruisant le filet des renaissances,
Les nobles, Kamada, poursuivent leur chemin.
- Il est si dur à suivre, Seigneur,
Ce chemin qui devient tellement raboteux !
- Cependant, les nobles, Kamada, continuent
Sur des chemins à la fois raboteux et durs à suivre.
Ceux qui ne sont pas nobles tombent
Sur la tête lorsque le chemin devient raboteux.
Mais pour les nobles le chemin est égal.
Car les nobles égalisent ce qui est raboteux."

Note du traducteur : Cette plainte du dieu Kamada, concernant la difficulté de la pratique bouddhique, résonnera avec presque tous ceux qui se sont embarqués pour la vie sans-abri temporaire d'une retraite à IMS ou autre part. L'affermissante réponse du Bouddha exhorte ici Kamada à surmonter ses faiblesses et de trouver la noblesse qui se cache en lui pour marcher sur le noble sentier.
Le ton de ce poème est très typique de l'attitude du Bouddha à travers les textes pali - comportant de la compassion mais ferme, raisonné mais profondément inspirant. La progression est aussi caractéristique - de la vertu à la joie, de la tranquilité au développement assidu, et finalement la destruction des pièges de la mort et de la renaissance et la continuation sur le sentier jusqu'à l'immortel nibbana.
Bouddha rappelle que d'autres ont fait, obtenu et dompté ce qu'il a tant de difficultés à faire, obtenir et dompter. D'autres ont suivi le dur sentier jusqu'au but, et tout ce dont il manque, c'est de la résolution, de la détermination digne d'un héros, pour avancer malgré les obstacles.
La qualité lyrique presque musicale du vers a tentée d'être conservée pour traduire ceci à peu près avec son mètre original : l'octosyllabe.

07 décembre 2005

Le bouddhisme, le désarmement et la paix par Vénérable Walpola Rahula

Pour une fois que ce n'est pas un sutta, ça vous changera. Pour plus d'infos voir King Asoka and Buddhism par Anuradha Seneviratna (en anglais).

"Il est impossible d’avoir une paix véritable et durable en brandissant la peur". Vénérable Walpola Rahula (1906-1997)

Docteur en philosophie et directeur de l’université de Kelaniya, au Sri-Lanka, le Vénérable Walpola Rahula (1906-1997) a vécu vingt cinq ans en France où il a enseigné le Dharma. Sa prodigieuse érudition, tant dans la langue pâlie que dans le canon orthodoxe, lui a valu de recevoir le titre de Agamaha Pandita, la plus haute distinction en Birmanie.

Le Bouddhisme est fondé sur la grande compassion, mahakaruna et la grande sagesse, mahâ pannâ. En termes généraux, la compassion signifie l’amour, la générosité, la gentillesse, la pitié et la tolérance ainsi que d’autres émotions ou qualités nobles. La sagesse représente le coté intellectuel, la faculté de voir les choses telles qu’elles sont ou encore les qualités de l’esprit. Afin d’être parfait nous avons besoin de développer les deux pareillement.

L’enseignement du Bouddha est fondé sur le vaste concept de l’amour et de la compassion universelle envers tous les êtres vivants et c’est de là que découle le comportement éthique des bouddhistes que cela soit dans le domaine social, économique ou politique. Il est regrettable que de nombreux érudits oublient ce grand idéal de l’enseignement du Bouddha et s’adonnent à des analyses philosophiques et métaphysiques qui restent très abstraites quand ils parlent et écrivent sur le bouddhisme. Le Bouddha a enseigné pour le bien et le bonheur de tous, par compassion pour le monde. Dans le comportement éthique qui se base sur l’amour et la compassion est inclus le juste moyen d’existence. Cela signifie que l’on doit s’abstenir de gagner sa vie par une profession qui nuit aux autres comme : fabriquer et faire du commerce d’armes, de poisons mortels et autres armements. Il faut plutôt gagner sa vie dans une profession qui est honorable, sans fautes et qui ne nuit pas aux autres. Ici on voit très clairement que le bouddhisme est opposé à toute guerre, quand il est dit que le commerce avec des armes mortelles et du poison est un moyen vil et injuste de gagner sa vie.

Le bouddhisme estime que la vie est sacrée, la traiter avec la plus grande considération et le plus grand respect. Le premier précepte d’un bouddhiste est de s’abstenir de détruire la vie pas seulement la vie humaine, mais aussi la vie animale. « Tout le monde tremble à la vue d’armes, tous ont peur de la mort. En observant ce sentiment chez soi même on ne devrait ni tuer ni causer la mort car les autres ressentent la même peur que nous » dit le Bouddha dans le Dhammapada, vers 129. Des pensées d’amour et de compassion sont exprimées dans le discours sur l’amour universel. « puissent tous les êtres être heureux et en sécurité » en est le refrain.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui connaît une peur, une suspicion et une tension constante. La science a produit des armes qui sont capables d’une destruction inimaginable. En brandissant ces instruments de mort, les grandes puissances se menacent et se défient mutuellement en se vantant sans honte que les leurs pourraient causer plus de destruction et de misère dans le monde que ceux des autres. Est-ce qu’ils ont encore toute leur raison ? Est-ce que leur comportement est différent de celui des fous ? Est-ce que les gens peuvent avoir du respect ou de la foi en ce genre de dirigeant ? Ils sont allés tellement loin dans cette démarche folle que s’ils ne font qu’un pas de plus, même par erreur, le résultat en sera une annihilation mutuelle en même temps que la destruction de l’humanité - un holocauste global inimaginable. Des êtres humains qui craignent la situation qu’ils ont eux mêmes créée veulent trouver une issue et cherchent toutes sortes de solutions. Mais il n’y en a pas à part celle prêchée par le Bouddha dans son message de non violence, de paix, d’amour et de compassion, de tolérance et de compréhension, de vérité et de sagesse, de respect et de considération pour la vie, de l’absence de haine, de haine et de cruauté.

Le Bouddha a déclaré « La haine ne s’apaise jamais par la haine dans ce monde. Elle est apaisée par l’amour. Cela est une loi éternelle. » (Dhammapada 5) « Nous devrions vaincre la colère par la gentillesse, la méchanceté par la bonté, l’avare par la générosité et le menteur par la vérité. » (Dhammapada 223).

Il ne peut y avoir de paix ou de bonheur pour l’homme aussi longtemps qu’il aura le désir et la volonté de conquérir et de dominer ses voisins. Comme dit le Bouddha : « Le conquérant provoque la haine et le perdant reste allongé dans sa misère. Celui qui renonce aussi bien à la défaite qu’à la victoire est heureux et paisible. » (Dhammapada 201). « La seule conquête qui apporte le bonheur et la paix est la conquête de soi-même. Même si ont conquiert mille fois mille hommes dans une bataille, seul celui qui se conquiert lui-même est le meilleur conquérant » (Dhammapada 103).

De l’individuel au collectif

Qu’est ce qu’une nation, sinon une vaste agglomération d’individus ? Une nation ou un Etat ne pense ni n’agit. C’est l’individu qui pense ou qui agit. Ce que l’individu pense et fait c’est ce que la nation pense et fait. Ce qui s’applique à l’individu s’applique à la nation ou à l’état. Si la haine ou l’amour peuvent être apaisés chez l’individu, ils peuvent aussi se concrétiser au niveau national ou international. Même pour une seule personne il faut énormément de courage, d’audace, de confiance et de force morale pour répondre à de la haine par de l’amour. N’en est-il pas de même pour les affaires nationales et internationales ?

L’empereur (Asoka) avait exprimé ses remords par l’expression « plus de Kalinga » et disait qu’il était très douloureux pour lui de penser au carnage qu’il avait provoqué. Il déclara publiquement qu’il n’allait plus jamais brandir ses armes, ni faire aucune conquête, mais au contraire qu’il souhaitait à tous les êtres la non-violence, le contrôle d’eux-mêmes, la pratique de la sérénité et de la douceur. Il considère que la conquête par la piété (dhamma vijaya) est la conquête suprême. Celle-ci est valable dans ce monde et dans le monde à venir. Cette révolution mentale et spirituelle était le résultat de sa conversion au bouddhisme.

Cela est le seul exemple dans l’histoire d’un conquérant qui était au sommet de sa gloire et de son pouvoir, qui avait encore la force de continuer ses conquêtes territoriales mais qui renonça à la guerre et à la violence et se tourna vers la paix et la non-violence.

Il y a ici une leçon pour le monde de nos jours. Le chef d’un empire a ici tourné le dos publiquement à la guerre et à la violence, et embrassé le message de la non-violence et de la paix, et créa le premier Etat socialiste de l’histoire à partir de son empire. Il n’y a pas de preuves historiques que d’autres rois, contemporains d’Asoka, aient pris avantage de sa piété pour l’attaquer militairement, ou bien qu’il y ait eu des révoltes ou des rebellions dans son empire durant sa vie. Au contraire la paix régnait dans tout le pays, et même des pays en dehors de son empire semblent avoir accepté son pouvoir. Des nations puissantes de nos jours sont fabuleusement riches et leur puissance militaire est incroyable. Mais moralement ils sont lamentablement pauvres et couards. Quel est leur accomplissement, sinon le pouvoir de pouvoir détruire l’humanité ? Avec toutes ces richesses et ces pouvoirs, pourraient-ils contribuer à la paix et au bonheur dans le monde, libérer de la peur et de la destruction ? Même s’ils ne sont pas fous, ils ont sûrement honte d’eux mêmes.

Il est ridicule de parler du désarmement partiel. On doit dire de façon catégorique que les grandes puissances qui parlent de désarmement sont sans coeur ni sincérité.
Il est stupide de parler du maintien de la paix par l’équilibre des puissances ou par la dissuasion nucléaire. Le pouvoir des armements ne peut produire que la peur, et non la paix. Il impossible d’avoir une paix véritable et durable en brandissant la peur. De celle-ci ne provient que la haine, la malveillance et l’hostilité, réprimée un certain temps peut-être, mais prête à resurgir à chaque instant. Une paix véritable et réelle ne peut exister que dans une atmosphère de mettâ, c’est à dire de bienveillance, loin de la peur, de la suspicion et du danger.

Octobre 2000

05 décembre 2005

Uttara Sutta

Samyutta Nikaya II.19
Uttara le fils d'un dieu
Traduit du Pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

A Rajagaha. Alors qu'il se tenait à ses côtés, Uttara le fils d'un dieu récita cette strophe en la présence du bienheureux :

La vie court,
Sa durée est minime.
Pour celui qui est entraîné par la vieillesse
Il n'y a aucun abri.
Conscient de l'imminence de la mort,
On devrait faire de bonnes actions
Qui apportent le bonheur.
- La vie court,
Sa durée est minime.
Pour celui qui est entraîné par la vieillesse
Il n'y a aucun abri.
Conscient de l'imminence de la mort,
On devrait échapper au piège du monde
Et chercher la paix.

Suriya Sutta

Samyutta Nikaya II.10
La prière de protection de la divinité du Soleil
Traduit du Pali par Piyadassi Thera.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près de Savatthi, à Jetavana au monastère d'Anathapindika. A ce moment Suriya, la divinité du soleil, était emprisonnée par Rahu, le seigneur des Asuras. Sur quoi, appelant le bienheureux par télépathie, Suriya, la divinité du soleil, récita cette strophe :

I. "O Bouddha, le Héros, tu es libre de tous les maux. Mon adoration pour toi est sans limites. Je suis en détresse. Sois mon refuge."

Sur ce, le bienheureux adressa cette strophe à Rahu, au nom de Suriya :

II. "O Rahu, Suriya a pris comme refuge le Tathagata, le sage. Relâchez Suriya. La compassion des Bouddhas rayonne sur le monde des êtres.

III. "O Rahu, ne faites pas disparaître les chasseur des ténèbres, le brillant, rayonnant voyageur du ciel. Rahu, relâchez Suriya, mon fils."

Là-dessus, Rahu, le seigneur des Asuras, relâcha Suriya et vînt immédiatement voir Vepacitta, le seigneur des Asuras et demeurait auprès de lui en tremblant de peur, ses cheveux dressés sur la tête. Alors Vepacitta s'adressa à Rahu avec cette strophe :

IV. "Rahu, pourquoi as-tu soudainement relâché Suriya ? Pourquoi es-tu venu en tremblant et pourquoi, terrifié, restes-tu là ?

- Le Bouddha m'a adressé une strophe. Si je n'avais pas relâché Suriya, ma tête se serait fendue en sept. Alors que je vis encore, j'aurais dû n'avoir aucune joie.

Candima Sutta

Samyutta Nikaya II.9
La prière de protection de la divinité de la Lune
Traduit du Pali par Piyadassi Thera.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près de Savatthi, à Jetavana au monastère d'Anathapindika. A ce moment Candima, la divinité de la Lune, était emprisonnée par Rahu, le seigneur des Asuras. Sur quoi, appelant le bienheureux par télépathie, Candima, la divinité de la Lune, récita cette strophe :

I. "O Bouddha, le Héros, tu es libre de tous les maux. Mon adoration pour toi est sans limites. Je suis en détresse. Sois mon refuge."

Sur ce, le bienheureux adressa cette strophe à Rahu, au nom de Candima :

II. "O Rahu, Candima a pris comme refuge le Tathagata, le sage. Relâchez Candima. La compassion des Bouddhas rayonne sur le monde des êtres.

Là-dessus, Rahu, le seigneur des Asuras, relâcha Candima et vînt immédiatement voir Vepacitta, le seigneur des Asuras et demeurait auprès de lui en tremblant de peur, ses cheveux dressés sur la tête. Alors Vepacitta s'adressa à Rahu avec cette strophe :

III. "Rahu, pourquoi as-tu soudainement relâché Candima ? Pourquoi es-tu venu en tremblant et pourquoi, terrifié, restes-tu là ?

IV. "Le Bouddha m'a adressé une strophe. Si je n'avais pas relâché Candima, ma tête se serait fendue en sept. Alors que je vis encore, j'aurais dû n'avoir aucune joie."

Ogha-tarana Sutta

Samyutta Nikaya I.1
Traverser le courant
Traduit du Pali par Thanissaro Bhikkhu.
Pour une distribution gratuite uniquement.

Note du traducteur : Ce discours ouvre le Samyutta Nikaya sur un paradoxe. Le commentaire nous indique que le Bouddha enseigne à la déesse un paradoxe pour subjuguer son orgueil. Pour donner à ce paradoxe un contexte, vous pourriez lire d'autres passages du canon ayant pour objet l'effort juste.

Ainsi ai-je entendu, une fois le bienheureux demeurait près de Savatthi
dans la mangrove de Jeta, au monastère d'Anathapindika. Alors une certaine déesse, à l'aube, son éclat formidable éclairant la totalité de la mangrove de Jeta, alla vers le bienheureux. A son arrivée, s'étant inclinée devant lui, elle se tenait à ses côtés. Tandis qu'elle se tenait là, elle lui dit :
"Dites-moi, monsieur, de quelle manière vous avez traversé le courant.
- J'ai traversé le courant sans avoir avancé, sans être resté immobile.
- Mais comment, monsieur, avez-vous traversé le courant sans avoir avancé, sans être resté immobile ?
- Quand j'avançais, je me faisais emporter. Quand je restais immobile, je sombrais. Ainsi j'ai traversé le courant sans avancer, sans rester immobile.
- Enfin je vois
Un brahmane, totalement délié,
Qui, sans avoir avancé,
Sans être resté immobile,
A traversé
Les enchevêtrements
Du monde
C'est ce que la déesse dit. Le maître approuva. S'apercevant que "le maître m'a approuvé", elle s'inclina devant lui, tourna autour de lui, le gardant sur sa droite et alors disparut aussitôt.